jeudi 3 novembre 2011

Quelques conseils pour ne communiquer qu'avec des êtres humains certifiés "bio" (Mon ami est un robot, partie II)

Vous pourriez en fréquenter sur les réseaux sociaux sans le savoir. Vous les connaissez comme les amis de vos amis, ils s’expriment comme des humains, mais ce ne sont pas des humains : on les appelle des robots sociaux (suite du billet précédent, intitulé Mon ami est un robot).

Comment convient-il d’agir devant la nouvelle réalité des robots sociaux? Voici trois conseils que vous pourriez suivre: 


      ·         Premier conseil : étendez vos communications lorsqu'une personne vous paraît suspecte


(source de l'image: Wiki Noticia)
On ne peut apprendre l’existence de ces robots sans penser au défunt Alan Turing, l’un des pionniers de la science informatique et l’inventeur du test de Turing: si un humain se voit incapable de différencier une communication avec un ordinateur d’une conversation avec un autre humain, alors l’ordinateur passe le test avec succès.  

Dans cette logique, afin de savoir si la personne avec qui l’on communique est humaine ou artificielle, il convient, selon Tim Hwang, chercheur associé au Berkman Center for Internets and Society, d’avoir une discussion plus longue avec elle. En effet, la simulation d’une conversation humaine ne passerait le test sur Twitter que parce que la plateforme repose sur de courts messages, lors de courtes interactions.
·         Second conseil : n’acceptez pas n’importe qui dans vos réseaux sociaux
C’est une évidence mainte fois répétée et c’est une solution qui vous préservera également des harceleurs, des trolls et de quiconque a intérêt à accumuler des données personnelles sur nous (les fraudeurs et les entreprises, pour commencer). Cela peut inclure également les amis de vos amis.

(source: Les pieds sur terre)

Pour tester la capacité de réseautage de Facebook, j’ai constitué, en 2010, un réseau de 1500 amis en l'espace de trois semaines, sans connaître quiconque. Les premières sollicitations d’amitié ont été peu fructueuses, mais à mesure que des usagers m’acceptaient, il me devenait facile d’ajouter de nouveaux amis tirés de leur réseau social, puisque j’apparaissais désormais comme l’ami d’un ami. Après deux semaines, je ne sollicitais plus personne : ce sont les amis de mes nouveaux « amis » qui m’invitaient. Ce réseau, je l’ai construit sans mentir ni même communiquer avec qui que ce soit, parce qu’à l’exception d’une dizaine d’usagers, personne ne m’a demandé qui j’étais et d’ où nous nous connaissions. Imaginez, maintenant, la facilité avec laquelle un robot peut s’immiscer dans votre graphe social, lui qui déborde de temps libre…


     ·         Troisième conseil : sachez à qui vous avez affaire

(source de l’image: Socialbot Central)

La meilleure solution, pour détecter une communication artificielle, reste encore de connaître les caractéristiques de son émetteur.
 
Les robots utilisés dans le cadre du projet Realboy, sur Twitter, communiquaient en dupliquant des tweets de vrais usagers, de manière aléatoire. Ainsi, ils n'étaient pas à l'abri d'émettre des énoncés hors propos, lesquels devenaient de plus en plus probables au fur et à mesure que s'étendaient les échanges avec un même interlocuteur (ce qui nous ramène au premier conseil). Il existe cependant d'autres types de robots sociaux que ces duplicateurs.   
 
En effectuant une recherche sur le web pour mieux connaître le phénomène des robots sociaux, j’ai trouvé le site Socialbot Central, consacré à un robot social développé par Dario Nardi. Celui-ci n’est pas destiné à fabriquer de faux profils sur les plateformes sociales, mais sert de compagnon dans les jeux virtuels ou peut être couplé à un système robotique physique.

Le robot de Nardi peut initier des conversations dans le but d’accumuler des données qu’il pourra se remémorer et réutiliser dans des conversations futures, faire des inférences, catégoriser l’information et puiser dans une encyclopédie de connaissances communes. Ce robot fonctionne à partir de comportements ("behaviours"), c’est-à-dire de courtes séries d’instructions destinées à l’effectuation de tâches précises qui se combinent et s’actualisent lorsqu’il reçoit des données utilisables de la part de la personne avec qui il est en interaction et qui orientent son identité. Ces comportements peuvent être cachés à son interlocuteur, afin qu’il puisse saisir au cours de la conversation un « pattern » dans ses valeurs personnelles.   
Il est possible de télécharger une version limitée de ce robot ici. Quelques secondes passées en sa compagnie vous permettront de comprendre ses limites, ses tics et ses tactiques. Mais, ce faisant,  il ne faut pas oublier que :



1) cette version du logiciel est simplifiée, donc moins performante que la version intégrale;
2) le logiciel date de 2006 et que, depuis, des progrès ont été effectués dans le domaine de l’intelligence artificielle;
3) les robots sociaux du futur ne pourront que gagner en intelligence et rendre plus difficile la détection de leur artificialité;
4) vous savez que vous communiquez avec un robot, ce qui ne sera pas le cas dans le contexte des plateformes sociales, lorsque vous ne serez pas sur vos gardes;

En conclusion, j’attirerai votre attention sur le fait suivant : les robots sociaux tel que celui que j'au testé sont programmés de telle sorte que plus vous les informez sur vous-même et plus ils vous apparaîtront humains. Plus crédible sera leur simulation.

Ceci dit, il s’agit d’un phénomène encore marginal qui pourrait être enrayé par les développeurs des plateformes sociales avant qu'il ne se généralise que vous ne rentriez en communication avec eux. Néanmoins, certains des conseils promulgués précédemment demeurent valables pour vous prémunir contre les êtres humains certifiés « bio » malintentionnés que vous ne gagneriez pas à connaître.  

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