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(source: Forces Démocrates pour Seclin) |
Dans son billet Une histoire hors du temps, Luc
Gauvreau soulève l’importante problématique de la chronologie sur le web :
comment dater la création et la publication d’un document? Quand a-t-il été mis
en ligne initialement et quelles ont été les étapes successives de sa
diffusion? Le blogueur compare cette indétermination temporelle à la tradition
orale, au sein de laquelle le fruit de la communication revêt « une
origine obscure, non datée, crée(e) par on ne sait qui, texte-document
transformé tranquillement, par de petites variations qui, au bout de plusieurs
transformations, devient souvent peu reconnaissable. Phénomène proche aussi de
la dispersion d'une rumeur ».
Ce constat m’amène à m’interroger sur ce qu’est
l’identité numérique, alors que le temps, sur le web, est mis à plat et que la
datation apparait comme un cauchemar insoluble.
Frédéric
Cavazza définit l’identité numérique comme un ensemble de bribes de données
formelles et informelles qui constituent, prises dans leur ensemble, l’identité,
la personnalité, l’entourage et les habitudes d’un individu (source : Fredcavazza.net).
Or ces données apparaissent de manière éparse sur le web, à travers une
multitude de sites et de contextes qui n’ont souvent rien en commun - qui ne
sont pas « hyperliés » entre eux - et qui sont offerts par les moteurs de
recherche dans le plus grand désordre chronologique.
Que signifie cette mise à plat temporelle? Que vous avez 30, 23 et 17 ans simultanément. Que vous soutenez tout à la fois les Verts, les Libéraux et les Conservateurs. Que vous aimez le Death Metal et le doigté de Vladimir Horowitz. Bref, cette mise à plat signifie que votre identité numérique est un synoptique de votre vie passée à laisser des traces sur le web. Donc, rien ne garantit qu’une requête à votre nom menée sur un moteur de recherche ne sortira pas des souvenirs pénibles de lendemain-de-veille inconséquents d’il y a cinq ans avant de mentionner que vous avez été récipiendaire de la bourse Armand-Bombardier l’année dernière, avec toutes les conséquences que ça pourrait avoir sur la demande d’emploi de demain.
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(source: Vincent Abry) |
Cependant, les dommages collatéraux liés à cet état de fait ne constituent pas l’objet de ce billet. Ce qui m’intéresse est plutôt de savoir quelles seront nos stratégies, en tant que « webacteurs », pour organiser ce magma identitaire atemporel en un tout sinon harmonieux, du moins cohérent. De quelle manière rendrons-nous signifiante notre présence sur le web au regard des multiples « moi » de tous âges qui le hantent? À ce titre, la nouvelle fonctionnalité de Facebook, Timeline, offre une solution partielle à la problématique du désordre temporel de notre identité et ouvre la porte à de nouvelles manières de l'ordonner, de nouveaux modes de « présentation de soi », pour reprendre l’expression d’Erving Goffman.
Tous aux abris?
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(source: Torwars.com) |
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