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(source: Marketing Chine) |
Dans son billet Web
2.0 - Responsabilité Éditoriale, Éric Daviau nous rappelle judicieusement
que si le blogueur doit rendre des comptes pour l’entièreté de ses propos, les
journalistes, eux, ne sont que partiellement imputables de leurs écrits, en
raison du fait que la responsabilité éditoriale relève du média qui les publie
et non de l’auteur. On constate néanmoins que la blogosphère influence l’activité
journalistique et que la « bloguisation » des médias d’information
pourrait amener les journalistes à réviser leur éthique de travail.
Quelle est l’ampleur de la « bloguisation » ? Tout d’abord,
une enquête du groupe de communication stratégique américain Brodeur indique
que les blogues influencent le travail des journalistes en termes de réactivité
et de rapidité. Ils apportent également de nouvelles idées et de nouvelles
manières de les traiter (source : AFP-Mediawatch).
Par ailleurs, les blogues auraient initié une nouvelle forme de journalisme, le
« data journalisme », qui prend la forme d’articles agrémentés de
contenus multimédias (vidéos, diaporamas, graphiques, etc.) (source: Press
Index). Ajoutons que depuis 2007, de nombreux journaux importants
se sont mis à publier des blogues tenus par leurs journalistes. Enfin, la
blogosphère influence les médias en attirant l’attention sur des sujets à
aborder (source : INF 6107, sections 3.3.3
et 4.5.1).
À ces modes de « bloguisation », j’ajouterai :
l’incitation à la responsabilité et à la rigueur. Dans leur version en ligne, les médias écrits
traditionnels accompagnent de plus en plus leurs articles de tribunes qui sont destinées
à recevoir les commentaires des lecteurs. C’est le
cas de La Zone Nouvelles de RADIO-CANADA.CA et des journaux Le Devoir, Libération, Le Monde et The New York
Times. Ces espaces surfent sur la vague du web participatif. De manière
collatérale, ils favorisent également un rappel à l’ordre des journalistes par
les commentateurs, lesquels n’hésitent pas à corriger leurs erreurs, ainsi qu’à
critiquer leurs imprécisions et les propos tendancieux qu’ils tiennent sous le
couvert de l’objectivité.
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(source: Le Devoir) |
Une telle structure favorise, selon moi,
la participation active des lecteurs au contenu du média et le dialogue entre ceux-ci
et l’auteur. La proximité du journaliste avec son lectorat ne peut que l’inciter
à amender son écriture : sous-peser chaque mot, chaque formulation, voire chaque
élément paratextuel (lorsque c’est dans son contrôle), citer ses sources, bannir
les suppositions, vérifier les faits etc., puisqu’il assiste en
direct à l’autopsie de ses articles par des dizaines, et parfois même des
centaines, de "légistes" de l’information.
Se savoir scruté par tant d’yeux et
recevoir immédiatement les rétroactions de ses lecteurs responsabilise donc le
journaliste, faute de le rendre juridiquement imputable.
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