mardi 22 novembre 2011

Les blogues et la responsabilisation des journalistes

(source: Marketing Chine)
Dans son billet Web 2.0 - Responsabilité Éditoriale, Éric Daviau nous rappelle judicieusement que si le blogueur doit rendre des comptes pour l’entièreté de ses propos, les journalistes, eux, ne sont que partiellement imputables de leurs écrits, en raison du fait que la responsabilité éditoriale relève du média qui les publie et non de l’auteur. On constate néanmoins que la blogosphère influence l’activité journalistique et que la « bloguisation » des médias d’information pourrait amener les journalistes à réviser leur éthique de travail.

Quelle est l’ampleur de la « bloguisation » ? Tout d’abord, une enquête du groupe de communication stratégique américain Brodeur indique que les blogues influencent le travail des journalistes en termes de réactivité et de rapidité. Ils apportent également de nouvelles idées et de nouvelles manières de les traiter (source : AFP-Mediawatch). Par ailleurs, les blogues auraient initié une nouvelle forme de journalisme, le « data journalisme », qui prend la forme d’articles agrémentés de contenus multimédias (vidéos, diaporamas, graphiques, etc.) (source: Press Index). Ajoutons que depuis 2007, de nombreux journaux importants se sont mis à publier des blogues tenus par leurs journalistes. Enfin, la blogosphère influence les médias en attirant l’attention sur des sujets à aborder (source : INF 6107, sections 3.3.3 et 4.5.1).

À ces modes de « bloguisation », j’ajouterai : l’incitation à la responsabilité et à la rigueur. Dans leur version en ligne, les médias écrits traditionnels accompagnent de plus en plus leurs articles de tribunes qui sont destinées à recevoir les commentaires des lecteurs. C’est le cas de La Zone Nouvelles de RADIO-CANADA.CA et des journaux Le Devoir, Libération, Le Monde et The New York Times. Ces espaces surfent sur la vague du web participatif. De manière collatérale, ils favorisent également un rappel à l’ordre des journalistes par les commentateurs, lesquels n’hésitent pas à corriger leurs erreurs, ainsi qu’à critiquer leurs imprécisions et les propos tendancieux qu’ils tiennent sous le couvert de l’objectivité.

(source: Le Devoir)
Ces rappels à l’ordre ont à voir, à mon avis, avec l’influence de la blogosphère. En effet, la structure des articles, accompagnés de leur tribune, est calquée sur celle des blogues : le contenu principal est immédiatement suivi des commentaires des lecteurs et ces derniers sont classés en ordre antéchronologique et modérés par le responsable éditorial du site (le blogueur d’un côté, le webmestre du média en ligne de l’autre).

Une telle structure favorise, selon moi, la participation active des lecteurs au contenu du média et le dialogue entre ceux-ci et l’auteur. La proximité du journaliste avec son lectorat ne peut que l’inciter à amender son écriture : sous-peser chaque mot, chaque formulation, voire chaque élément paratextuel (lorsque c’est dans son contrôle), citer ses sources, bannir les suppositions, vérifier les faits etc., puisqu’il assiste en direct à l’autopsie de ses articles par des dizaines, et parfois même des centaines, de "légistes" de l’information.

Se savoir scruté par tant d’yeux et recevoir immédiatement les rétroactions de ses lecteurs responsabilise donc le journaliste, faute de le rendre juridiquement imputable.   

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